La moisson d’été n’a pas tenu toutes ses promesses
Si les conditions étaient réunies pour accoucher d’une très bonne récolte d’été, le temps sec en fin de cycle a émoussé les espoirs. Dans le Nord-Ouest, la persistance des pluies au cœur de l’été a donné le coup de grâce sur les aspects qualitatifs.
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On retiendra certainement du millésime 2023 qu’il est globalement satisfaisant, au-dessus de la moyenne des cinq dernières années, du moins pour l’orge d’hiver et le blé tendre, dont la production dépasse la barre des 35 Mt. Néanmoins, « face à des conditions météo très compliquées en fin de printemps, une grande hétérogénéité des rendements est enregistrée entre les régions et au sein même des exploitations, selon les types de sols et les variétés », relève Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.
Sud-Ouest : capacités saturées
Par exemple, chez Bourgogne du Sud, les rendements du blé tendre varient de 40 à 110 q/ha. « Dans le Sud-Ouest, les rendements de blé tendre ont été très bons, entre 70 et 80 q/ha, grâce à un printemps pluvieux sans gros coup de chaud », rapporte Jean Simon, DG d’Atlantique Céréales. D’ailleurs, les silos sont pleins et les organismes stockeurs ont besoin de sortir de la marchandise pour faire de la place pour les récoltes d’automne, alors que la demande espagnole est limitée. « Mais en remontant vers le nord de notre zone, nous sommes déçus, poursuit-il. Il y avait un très bon potentiel au mois d’avril, mais le temps sec en plein remplissage des grains a affecté les rendements. En Poitou-Charentes, on est tout juste dans la moyenne autour de 65-70 q/ha. On aurait pu viser 10 q/ha de plus. »
Nord-Ouest : blés dégradés
La qualité est également satisfaisante mais hétérogène. Pour l’essentiel du blé tendre moissonné avant les épisodes pluvieux de fin juillet, les poids spécifiques bien que variables répondent aux exigences des marchés et les teneurs en protéines se situent autour de 11,5 %. Chez Dijon Céréales, la qualité est au rendez-vous avec un PS moyen à 77 kg/hl et une teneur en protéines à 12 %. Dans le Sud-Ouest, Atlantique Céréales note un PS faible, entre 72 et 74 kg/hl et tout juste en Poitou-Charentes, 76 kg/hl en moyenne.
Enfin, les parcelles du Nord-Ouest qui ont connu un retard de récolte dû aux précipitations répétées voient leur poids spécifique altéré. « Nous avons un bon taux de protéine aux alentours de 11,3 % et un PS bon (77 kg/hl) mais en retrait de 2,5 points par rapport à 2022 », constate Nicolas Vermeulen, responsable animation et développement filière chez Agrial. Du côté d’Unéal, la teneur en protéines s’élève à 11,3 % avec un gradient Est-Ouest, l’Ouest affichant un point de plus que l’Est. « Le temps de chute d’Hagberg était bon mais il a commencé à baisser avec l’arrivée des pluies », ajoute Maxime Thuillier, directeur céréales chez Unéal. Un afflux de blé fourrager est à prévoir dans ces zones les plus exposées.
Côté blé dur, les surfaces cultivées encore à la baisse ont fait chuter la production de 17 % par rapport à la moyenne quinquennale. En outre, la qualité est variable en fonction des bassins de production.
L’orge d’hiver au beau fixe
La récolte d’orge d’hiver, elle, redonne le sourire. « C’est la seule culture qui a confirmé les attentes, avec de très bons rendements, 5 à 10 q/ha de plus qu’une année normale », se réjouit Jean Simon. Un constat que partage Agrial qui a enregistré des rendements entre 70 et 80 q/ha contre 65 q/ha en année « normale ». Pour l’orge de printemps, c’est une autre histoire : la production est en retrait et les calibrages sont variables, de bons à insuffisants. Bourgogne du Sud déplore « des rendements très en deçà de la prévision », autour de 50 q/ha. Mais pour Unéal, c’est la bonne surprise avec en moyenne 75 q/ha. Enfin, la plupart des orges d’hiver répondent aux normes de qualités requises pour la brasserie. Les teneurs en protéines sont satisfaisantes avec des moyennes régionales variant de 10 à 11 %. Les poids spécifiques sont corrects à bons, sauf dans le Sud qui a reçu en fin de cycle des épisodes orageux. Les calibrages sont hétérogènes et plus élevés à l’ouest qu’à l’est.
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